La parole à... Pauline Duée, conservateur du patrimoine
À l’église Saint-Augustin, la restauration du massif d’entrée, menée par la Ville de Paris, a eu un effet immédiat : les visiteurs, attirés par la superbe façade, rentrent depuis en nombre dans l’édifice pour découvrir ses décors intérieurs.
Le projet « Mise en lumière du chœur » est née de la volonté conjointe du service de la COARC (1) et des Amis de Saint-Augustin hébergés par la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris. Tous deux souhaitaient redonner au chœur sa splendeur d’origine en commençant par les torchères qui le délimitent et par le baldaquin monumental qui surmonte l’autel.
La restauration du baldaquin a permis d’en savoir plus sur les matériaux et techniques utilisés. Des analyses ont été réalisées par le Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques (LRMH) afin de déterminer les alliages et métaux employés pour ensuite choisir le protocole de nettoyage le plus adapté. La gamme chromatique souhaitée par l’architecte Victor Baltard a peu à peu été remise au jour : le vert et le rouge profond côtoient des éléments dorés à la feuille d’or qui scintillent d’autant plus que les luminaires sont proches. Fort de l’expérience des Halles, Baltard réalise cette œuvre en fonte de fer et en laiton. Les multiples pièces sont assemblées selon un montage complexe attesté par la présence de marques et numérotations qui ont été relevées à l’occasion du chantier.
En tant que conservateur du patrimoine, mon rôle consiste à travailler en étroite collaboration avec nos équipes de restaurateurs, à valider les protocoles de nettoyage des œuvres, à effectuer des recherches et à suivre le chantier. Nous dialoguons beaucoup avec l’affectataire afin que notre intervention impacte le moins possible la vie de la paroisse.
Nous entamons la dernière phase de ce projet qui concerne l’autel et son écran de lumière mais également la clôture de pierre et de marbre. Les plaques de marbre de l’autel ainsi que ses grilles métalliques ont été démontées et transportées dans nos réserves pour être nettoyées et redorées par une équipe de restaurateurs spécialisés.
Parallèlement, in situ, le nettoyage de la clôture du chœur se poursuit. Ce travail, long et fastidieux, porte ses fruits puisque les contrastes et la polychromie sont à nouveau révélés.
(1) La Conservation des Œuvres d’Art Religieuses et Civiles est un service de la Ville de Paris qui a pour mission de conserver et restaurer les œuvres d’art des 96 édifices cultuels propriétés de la Ville.