La chapelle Sainte-Geneviève à Saint-Germain-l'Auxerrois a retrouvé son éclat

Située dans le Ier arrondissement, l'église Saint-Germain-l'Auxerrois est un joyau tant historique qu'artistique. Construite au XIIIe siècle sur les ruines d'une ancienne église romane, la paroisse a été le théâtre d'éléments fondamentaux de l'Histoire de France, telles que la Saint-Barthélémy et la Révolution. 

Un décor emblématique du romantisme 

Édifiée sous l’Ancien Régime et consacrée à la sainte patronne de Paris, la chapelle Sainte-Geneviève, est ornée d’un ensemble pictural réalisé entre 1831 et 1841 par Jean-François Gigoux (1806–1894), figure majeure du romantisme. Formé à l’École des beaux-arts de Besançon, proche de Delacroix et Flandrin, Gigoux reçut la commande de ce décor dans un contexte de réconciliation nationale, après les émeutes de 1831 qui avaient endommagé l’église.

Le peintre compose un décor mêlant grands formats héroïques et petits formats narratifs, rehaussé des peintures décoratives d’Alexandre Denuelle (1818–1879) et d’une sculpture en carton-pierre de Sainte Geneviève (artiste anonyme, XIXᵉ siècle).

• Mur de gauche : Sainte Geneviève soutenant le courage des habitants de Paris
  Médaillons : Sainte Geneviève rendant la vue à sa mère et gardant ses moutons

• Mur de droite : Saint Germain rencontre sainte Geneviève
  Médaillons : Deux personnages en prière devant la châsse de la sainte et Sainte Geneviève rendant visite aux prisonniers

Ces scènes retracent la vie de Sainte Geneviève, née à Nanterre vers 420, qui consacra son existence à Dieu après sa rencontre avec Saint Germain d’Auxerre. En galvanisant les Parisiens face à Attila et aux Huns en 451, elle devint la protectrice de Paris.

Un chantier d'envergure

Décrochées en juillet 2023, les deux œuvres monumentales — Saint Rémi baptisant sainte Geneviève et Sainte Geneviève soutenant le courage des habitants de Paris — ont été transférées dans les ateliers municipaux pour restauration. Hautes de plus de cinq mètres et couvrant près de 15 m² chacune, elles constituent les premiers tableaux religieux de Gigoux.

L’opération de dépose, complexe au vu de la taille des œuvres, a mobilisé plusieurs corps de métier. Les restaurateurs de métaux ont retiré les plaques fixant les toiles.

Les restauratrices ont ensuite protégé les écailles de peinture avec du papier Japon, dépoussiéré le revers des toiles, puis emballé soigneusement les œuvres avant leur transport vers les ateliers municipaux.

Les restauratrices ont procédé à un nettoyage minutieux des surfaces picturales, éliminant les vernis oxydés et les dépôts accumulés. Elles ont refixé les écailles de peinture, consolidé la toile et retiré les repeints discordants. Le support d’origine, très fragilisé par d’anciennes couches d’enduit irrégulières, a été consolidé et doublé d’une toile neuve, tandis que le châssis a été remplacé par une structure en aluminium, plus stable et légère.

Le travail de décrassage a révélé la signature de l’artiste, jusqu’alors invisible, et restitué des nuances de couleur d’une richesse inattendue.

Redécouverte du patrimoine parisien

Réinstallées dans la chapelle à la fin des travaux, les œuvres de Jean-François Gigoux offrent désormais un visage transformé : les ors, les bleus profonds et les carnations délicates redonnent vie à la sainte patronne de Paris et à son évêque.

L'inauguration de la chapelle marque l’aboutissement d’un long chantier, mené dans le respect des techniques traditionnelles et du patrimoine artistique du XIXᵉ siècle.

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

Cette restauration illustre la mission de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris : préserver et transmettre l’héritage historique de la capitale.

Grâce à une restauration minutieuse menée par la Ville de Paris, avec le soutien de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris et le concours de Dassault Histoire et Patrimoine, la chapelle a retrouvé ses couleurs.