À Saint-Etienne-du-Mont, restauration de chefs-d’œuvre de l'art du vitrail au XVIIe siècle

Publié le 12 février 2022

À Saint-Etienne-du-Mont, « Abraham et les Trois Anges » témoigne d’un art du vitrail resplendissant au début du XVIIe siècle. Un mécénat d’entreprise va permettre la sauvegarde de ce chef-d’œuvre, visible à hauteur d’homme dans une galerie derrière le chevet de l’église.

À Saint-Etienne-du-Mont, restauration de chefs-d’œuvre de l'art du vitrail au XVIIe siècle
crédit : Ville de Paris / COARC / Jean-Marc MOSER

Une église au cœur de l’histoire parisienne

Église Saint-Etienne-du Mont

Crédit : © Wikipédia Commons

L’église paroissiale Saint-Etienne-du-Mont est née au début du XIIIe siècle, près d’un monastère fondé sous l’invocation des Saints-Apôtres par Clovis.

C’est là qu’il fut enterré auprès de son épouse Clotilde, et de sainte Geneviève. L’édifice actuel est construit de 1492 à 1626 : il abrite aujourd’hui ce qui subsiste des reliques de sainte Geneviève, patronne de la ville de Paris.

 

 

Un ensemble de vitraux exceptionnel

Dans la galerie située derrière le chevet, aménagée de 1607 à 1611 dans les anciens « charniers » (nom donné au cimetière médiéval de l’église), les vitraux sont situés à hauteur d’homme. Le visiteur peut ainsi admirer chacune de ces peintures sur verre dans ses moindre détails, ce qui est exceptionnel pour ce type d’œuvre d’art habituellement placé très en hauteur.

L’ensemble comptait à l’origine vingt-quatre baies, dont il ne reste qu’une douzaine aujourd’hui.

 

Crédit : © Ville de Paris / Jean-Marc Moser

Ces verrières ont pour thème le sacrement de l’Eucharistie, en lien avec la fonction du lieu qui était alors une chapelle de la Communion. Au lendemain des guerres de Religion, il s’agissait pour l’Eglise de réaffirmer, avec ce sacrement, la notion de transsubstantiation (conversion du pain en corps du Christ, et du vin en sang du Christ au moment de la célébration eucharistique), contestée par la Réforme protestante.

 

 

 

La baie numéro 13 bénéficie d’une restauration généreusement financée par un mécénat d’entreprise, grâce à la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris. La scène représente un passage de l’Ancien Testament au cours duquel Abraham reçoit la visite de trois anges qui lui annoncent la naissance prochaine de son fils Isaac, alors que sa femme et lui n’arrivaient pas à enfanter. Cet épisode est choisi comme précurseur de l’Annonciation du Nouveau Testament. En haut du vitrail à droite, on peut observer la destruction des villes de Sodome et Gomorrhe, annoncée par les anges à Abraham, ainsi que Loth et sa famille fuyant les flammes.

 

Cette baie montre la maîtrise technique et artistique des maîtres verriers du début du XVIIe siècle, qui atteint ici son apogée. Jouant avec la transparence de leur support, ils se servent avec virtuosité des différentes techniques de peinture sur verre (jaune d’argent pour les jaunes et les oranges, grisailles pour les noirs et les gris, peinture à l’émail… appliqués tantôt en face interne, tantôt en face externe), tout en affirmant avec discrétion leur adresse dans la découpe du verre.

 

Une restauration nécessaire

La restauration d’un tel vitrail est un défi. Contrairement à un tableau conservé en musée, le vitrail a cette particularité d’être une œuvre d’art, et une fenêtre à la fois ! La baie était donc exposée aux intempéries, tout en n’étant protégée des chocs extérieurs que par un simple grillage. Elle est par ailleurs très encrassée. Les restaurations antérieures ont laissé de nombreuses « araignées » ou « plombs de casse » : il s’agit de plombs coulés entre les cassures des verres, pour les assembler à nouveau.

 

Crédit : © Ville de Paris COARC / Jean-Marc Moser

 

La restauration, menée par la Manufacture Vincent-Petit, a pour but de nettoyer la baie et de la rendre à nouveau lisible en supprimant ces plombs de casse. Une verrière de protection isolant la baie des chocs extérieurs, mais aussi des intempéries et des chocs thermiques, sera mise en place pour mieux la protéger.

Quand le vitrail sera nettoyé et restauré, le promeneur pourra à nouveau admirer les jeux de lumière et la virtuosité des peintres-verriers du XVIIe siècle, grâce à la générosité du mécénat d’entreprise de la Fondation, qui, en relation avec les équipes de conservation de la Ville de Paris, propriétaire du bâtiment, rend possible la restauration de ce vitrail.

 

 

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