La parole à... Béatrice Dubarry-Jallet

Voir une sculpture, c’est avoir accès à une opulence d’images différentes. Restaurer une sculpture, c’est aller plus loin encore, c’est être en corps à corps avec elle. Quand elle est de petite taille, c’est la soulever et la manipuler. Quand elle est de grande taille, c’est tourner autour et se plier en quatre pour accéder à ses moindres recoins. Aussi, pour intervenir, il faut s’adapter avec pragmatisme aux matériaux à traiter, sans les agresser ; il faut être ferme et déterminé dans notre action pour apporter les opérations nécessaires et ajustées. Le travail à mener doit rester concentré et persévérant pour que nos interventions restent contenues dans des temps d’intervention raisonnables.

 Sur les sculptures monumentales, comme celles que nous avons restaurées ces dernières années dans l’église de la Madeleine, le travail fourni est physique. L’endurance dans nos interventions est indispensable pour venir à bout des surfaces démultipliées. Nous manipulons beaucoup de matériel lourd. Montons et descendons des échafaudages à répétition. Les opérations sont parfois salissantes. Nous sommes aussi régulièrement contraints à devoir adopter des positions inconfortables pour accéder à l’ensemble des parties à traiter, notamment les creux parfois assez profonds et difficilement accessibles, surtout en parties basses et entre les étages des échafaudages. Notre adaptation se fait également dans nos horaires. Parfois, en raison d’événements particuliers, des enterrements en matinée ou des concerts en après-midi, nos interventions doivent être stoppées ; pour compenser ces arrêts imposés et ne pas prendre de retard dans notre avancement, nous prenons alors le parti de commencer nos journées de travail dès 6 heures du matin. Ceci dit, à l’église de la Madeleine, la motivation éclairée et sympathique du père Horaist est telle qu’elle nous accompagne positivement et que l’on en oublie les contraintes particulières.

Notre métier est dans le fond assez ardu mais nous l’aimons ; notre implication est totale et a du sens. Nous échangeons avec les commanditaires, faisons le travail de A à Z, du devis à la réception du chantier, en intégrant l’organisation de l’ensemble et l’établissement d’un compte-rendu exhaustif de nos interventions. La réflexion et l’action sont associées et nos efforts sont toujours récompensés par un résultat visible et apprécié.