Moïse Frappant le Rocher bientôt rendu au regard des visiteurs dans l’église Saint-Eustache

Publié le 14 mars 2022

Autrefois accroché si haut qu’on ne l’apercevait qu’à peine, l’œuvre de Jollain a été décrochée dans le cadre du projet de réaccrochage des tableaux de Saint-Eustache. Cette restauration a été rendue possible par le don généreux d’un mécène de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris.

Moïse Frappant le Rocher bientôt rendu au regard des visiteurs dans l’église Saint-Eustache
©Ville de Paris / Jean-Marc Moser

Nicolas-René Jollain est un peintre d’histoire, élève de l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture et lauréat du Prix de Rome en 1754 juste derrière Jean-Pierre Chardin.

 

 

 

Son tableau, Moïse Frappant le Rocher, commandé par Louis XVI, est exposé au salon de 1783. Il est directement acheté par le curé de Saint-Eustache pour orner son église. Saisi à la Révolution les années suivantes, il est racheté par l’abbé Bossu et retourne dans l’église.

 

A l’origine le tableau est accroché dans le chœur, puis dans la chapelle de la Vierge. Mais à l’occasion d’un incendie en 1844, qui ravage l’orgue et amène à une restauration globale de l’édifice, l’architecte Victor Baltard commande de nouveaux décors, et fait restaurer la chapelle de la Vierge, confiée au peintre Thomas Couture. C’est alors que le tableau semble avoir intégré le revers de la façade de l’église, côté orgue. L’œuvre est si haut perchée, qu’à l’inverse du Caminade, elle reste dans l’église durant la Seconde Guerre Mondiale, mais n’est que très peu appréciable du public.

 

Cet accrochage n’est pas sans poser problème. Comme souvent dans les édifices tels que les églises, Saint-Eustache souffre de fuites dans sa toiture, et le tableau montre des traces de coulures, laissant imaginer qu’il a souffert d’un dégât des eaux.

 

La toile présente un fort encrassement et empoussièrement. De nombreuses interventions sont perceptibles : couches de vernis, encrassement dans et sous le vernis, repeints étendus et ponctuels et jutage dans les zones d’ombres et de mi-ombres (le jutage est un vernis brun qui masque une usure de la couche picturale). Sur les arbres et rochers, la couche picturale est d’une fragilité étonnante : sous les mains du restaurateur, la couche peut réagir instantanément, ou se laisser travailler. Le travail doit donc se faire progressivement en dégageant petit à petit la surface de la toile.

 

 

© Ville de Paris / Paul Percetti

 

La présence de repeints étendus et épais ne couvrant aucune imperfection déroute. Les restaurateurs en ont dénombré pas moins d’une dizaine sous lesquels l’intégralité de la matière est retrouvée. Parfois, même, un mastic recouvre une couche picturale intègre. Ces interventions ont dû recouvrir une toile encrassée sans chercher à la nettoyer. Le tableau ayant longtemps été accroché haut, il est probable qu’au lieu de le descendre pour le nettoyer intégralement, il ait été préféré de masquer ces imperfections en peignant par-dessus directement.

 

© Ville de Paris / Paul Percetti

 

Ce qui a été décidé pour cette toile est une restauration visant un résultat plus homogène sans dépouiller complètement l’œuvre. Contrairement au Caminade qui présente une palette italienne fraiche aux contrastes forts et voulus, Jollain présente une palette moins contrastée aux dominantes chaudes, dans lequel le jutage reste léger et équilibré dans le rendu final. De même, s’agissant d’une copie d’un original pour le Caminade, le peintre propose une technique précise, aux contours définis quand Jollain revient sans cesse sur sa toile où de nombreux repentirs sont perceptibles : le peintre modifie certains dessins ou certaines couleurs. L’intervention est alors différente car les couleurs présentes à la sensibilité forte sont fragiles, et la technique peu homogène.

 

© Ville de Paril / Jean-Mars MOSER

 

Dans le nouvel accrochage des tableaux de Saint-Eustache, Moïse Frappant le Rocher occupera l’ancienne place du Martyre de sainte Agnès, descendu au-dessus de la porte.

Nous remercions vivement le généreux mécène pour sa grande générosité en faveur des tableaux de Saint-Eustache, permettant ainsi aux visiteurs de les apprécier de nouveau prochainement.

 

#Peinture #Saint-Eustache