Restauration de la chapelle Sainte-Jeanne d'Arc à Saint-Sulpice : retour sur son histoire artistique

Publié le 22 février 2024

La chapelle Sainte-Jeanne d’Arc (anciennement dédiée à saint Maurice), nichée dans le transept sud de l'église Saint-Sulpice est un précieux témoignage artistique du VIe arrondissement de Paris. Cette chapelle a bénéficié d’une restauration exceptionnelle et est passée de l'ombre à la couleur.

Restauration de la chapelle Sainte-Jeanne d'Arc à Saint-Sulpice : retour sur son histoire artistique

La Chapelle Sainte-Jeanne d’Arc - Saint-Maurice

L’art de la fresque était largement utilisé et maîtrisé par notre pays voisin, l’Italie, qui gardait précieusement ce secret.

Cette technique de peinture est caractérisée par l'application sur enduit frais de pigments de couleurs détrempés à l'eau, le but étant d’incruster la peinture au mur pour qu’ils ne fassent plus qu’un.

Une technique artistique mystérieuse 

  Chapelle Sainte-Jeanne d'Arc, Saint-Sulpice  

Au début du 19e siècle, le gouvernement français charge Auguste Vinchon de retrouver l’art de la fresque. Il passera 3 ans en Italie pour redécouvrir cette technique et effectuera un voyage de 6 mois avec Jéricho. Son pinceau est romantique tout en étant fidèle à l’enseignement de David. A son retour, le préfet de Paris demande à Vinchon de réaliser un décor en utilisant la technique de la fresque à Saint-Sulpice.

La renaissance de la fresque

A l’occasion de cette restauration des analyses ont effectuées : un enduit à base de chaux a été appliqué et des dessins ont été gravés dans le mur. Ces éléments sont le signe qu’à l’origine l’artiste avait la volonté de peindre à fresque. Toutefois, les analyses de la peinture montrent qu’il y a de la cire et de l’huile, mais pas de chaux : la peinture est posée, elle ne fait pas corps avec l’enduit. Cette découverte est étonnante ; Vinchon a beaucoup écrit sur cette technique mais ne l’a pas suivie dans sa réalisation. Plusieurs hypothèses sont possibles : mauvaise préparation de l’enduit, composition de la pierre française trop différente de celle d’Italie, des secrets liés à cette technique bien gardée, …

 

©Ville de Paris

 

Lors de ce chantier, les restauratrices ont rencontré des défis conséquents, avec des peintures très encrassées et des écailles importantes. Près de 80 à 85% de la couche picturale de la chapelle se soulevait, nécessitant un refixage minutieux. A l’aide d’une seringue et d’un adhésif, elles ont traité une à une les écailles de peintures, pendant deux mois, avant de procéder au décrassage. Un nettoyage en trois étapes a été entrepris pour éliminer deux siècles de crasse. Cependant, un repeint généralisé en marron a été découvert, similaire à celui observé dans la chapelle de la Vierge, datant d'une campagne de restauration des années 30 utilisant un badigeon brunâtre. Ce repeint masquait probablement l'état dégradé des peintures, préservant ainsi leur aspect tout en cachant leurs dommages. Les lacunes ont été comblées par un masticage soigneux avant de procéder aux retouches.

 

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