Restauration des toiles marouflées de Saint-Joseph des Nations (XIe)

Publié le 12 janvier 2023

La restauration des chapelles Saint-Joseph et du Sacré-Cœur de l’église Saint Joseph des Nations avance. Les toiles marouflées des deux chapelles retrouvent leurs couleurs, grâce au don d’un généreux mécène de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris.

Restauration des toiles marouflées de Saint-Joseph des Nations (XIe)
© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

La restauration des toiles marouflées des chapelles Saint-Joseph et du Sacré-Cœur a été menée à l'automne 2022. Merci au mécène de la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris qui à permis de redonner vie à ces œuvres.

 

Saint Joseph des Nations

Au XIXe siècle, en raison des travaux haussmanniens qui transforment et modernisent la ville de Paris, certaines populations sont évincées du centre. Par conséquent, la zone du Faubourg du Temple connaîtra une hausse significative d’habitants. Le clergé souhaite offrir à ces nouveaux habitants du quartier une nouvelle paroisse, et c’est ainsi qu’en 1866 débutera la construction de Saint-Joseph des Nations, qui sera achevée en 1875.

©Wikipedia

Le Conseil municipal charge Théodore Ballu (architecte de l’Hôtel de Ville) de la construction de l’église. Suivant la vogue architecturale de l’époque, Ballu fait de larges emprunts aux modèles romans du XIIe siècle, correspondant ainsi au style néo-roman. Par ailleurs, des artistes et notamment de nombreux sculpteurs ont participé à la décoration de l’église.

Que cette église soit très récente, n’empêche pas qu’elle ait vécu l’histoire. Elle fut saccagée le 20 août 1899 par des anarchistes au cours de l’émeute de Fort Chabrol, lors des affrontements entre dreyfusards et antidreyfusards.

 

Des décors exceptionnels

Toile marouflée Saint-Joseph - Saint-Joseph des Nations

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

Toile marouflée Sacré-Coeur - Saint-Joseph des Nations

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

 

 

 

 

 

 

 

 

Les décors peints du transept sont l’œuvre de Pierre-Auguste Pichon et de Savinien Petit, et ont été commandés en 1870. Les peintres ont choisi de garder une cohérence esthétique avec le style néo-roman de l’église. Par leurs peintures très didactiques et lisibles, et par l’omniprésence de la dorure, ils peuvent être rattachés au mouvement des Nazaréens.

Les personnages principaux sont peints sur des toiles marouflées (c’est-à-dire collées au mur), tandis que les parties ornementales ont été réalisées directement sur le mur. Dans la chapelle Saint-Joseph se trouve la toile réalisée par Pichon, et dans la chapelle du Sacré-Cœur celle réalisée par Petit.

 

 

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

La chapelle Saint-Joseph de Pierre-Auguste Pichon

Pierre-Auguste Pichon (1805-1900) a été l’un des élèves d’Ingres. Il a réalisé des tableaux et des peintures murales pour de nombreuses églises parisiennes comme Saint-Eustache ou Saint-Sulpice. Dans cette scène, Saint-Joseph porte l’Enfant Jésus, et est reconnaissable à son bâton fleuri.

 

 

La chapelle du Sacré-Cœur de Savinien Petit 

 

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

Également élève d’Ingres, Savinien Petit (1815-1878) poursuit une carrière de peintre d’église, encouragé par son maître. Il est notamment reconnu pour ses qualités de dessinateur.

Il peint ici le Sacré-Cœur campé sur un socle. Comme le montre l’esquisse conservée au Petit Palais, il avait originellement proposé de le placer debout sur un nuage, mais la commission des Beaux-Arts en a décidé autrement.

 

 

La restauration

Autel sous toile marouflée - Saint-Joseph des Nations

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

Le chantier a commencé en septembre 2022. Lors de l’étude préalable, les restauratrices ont relevé que ce sont les peintures de Saint Joseph qui présentent des soulèvements importants et des lacunes, tandis que celles du Sacré-Cœur sont dans un meilleur état. Les besoins identifiés en termes de restauration sont le nettoyage des décors ainsi que la restitution des parties manquantes. Et le nettoyage des autels, pour redonner leur éclat à ces ensembles caractéristiques de l’art religieux des années 1870. 

 

La restauration a mobilisé une équipe de six restauratrices, le groupement de Méliné Miguirditchian, sous la maîtrise d’œuvre de la Ville de Paris. Elle a débuté par des interventions de refixage, qui ont été menées afin de stabiliser les soulèvements. Puis effectua un nettoyage, qui s’est fait à l’aide de produits respectueux des matériaux constitutifs et qui pourront facilement être enlevés lors de restaurations futures. Le nettoyage permet de faire ressortir les couleurs d’origine, et de mettre en valeur la finesse du travail des artistes.

 

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

Ensuite, les lacunes et les usures des toiles ont été retouchées. Avec le passage du temps, des cloques sont apparues sur les toiles : conséquence de la mauvaise adhésion entre la toile et le mur, de par la nature de la colle et l’humidité. En effet, des cloques étaient visibles sur les toiles et notamment sur celle de saint Joseph. Toutes les cloques ont été traitées une à une. Un produit a été injecté par une seringue, permettant au support de retrouver sa planéité.

© Ville de Paris - COARC / Jean-Marc Moser

La dorure, légèrement usée, a également été retouchée avec minutie pour redonner à l’or un éclat métallique.

Enfin, une nouvelle mise en lumière des chapelles complètera cette restauration. Le chantier sera terminé au printemps 2023.

 

Nous remercions vivement notre généreux mécène pour son don en faveur des toiles marouflées de Saint-Joseph des Nations, permettant ainsi aux visiteurs de les apprécier de nouveau.

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